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RAFO
7 mai 2007

NON, TOUT N'EST PAS POSSIBLE !

NICOLAS FOUQUET’S (suite) - I - NON, TOUT N’EST PAS POSSIBLE ! Ou : SARKO et Hannah Arendt Comment ne pas dire ma surprise quand j’eus connaissance du slogan de campagne de Nicolas Sarkozy « Ensemble, tout devient possible » ? Je ne puis m’empêcher de penser à Hannah Arendt qui voit le « tout est possible » comme la croyance fondamentale du totalitarisme. Allons donc, personne n’a réagi dans l’entourage du candidat  ? Parmi ses très nombreux conseillers, personne pour faire état d’ un terrain aussi glissant ? Le slogan est appelé à servir jusqu’aux Législatives, et personne ne trouve rien à redire. J’ajoute dès à présent qu’il ne s’agit pas de présenter notre nouveau président de la République comme un bourreau nazi ; outre le manque de pudeur que cela représenterait à l’égard des victimes, brandir l’épouvantail fasciste est également une tentation « totalisante ». Mais la liaison avec l’appel à être ensemble ne me rassure guère. Si l’on suit Hannah Arendt, l’atomisation sociale et l’individualisation poussée à son paroxysme permettent de noyer l’individu dans une masse anonyme où il sera en fait isolé ; Nicolas Sarkozy lui propose de faire partie d’un ENSEMBLE ; voici notre électeur sarkozyste prêt à devenir dès lors un sujet loyal ? Hannah Arendt définit le régime totalitaire comme réalisation de la fiction non seulement du « tout est permis » mais du « tout est possible ». C’est que le « tout est permis » de Raskolnikov est corrigé et reformulé de façon plus effrayante en ce « tout est possible » .  * * Trois contradictions sont à relever : 1 - La domination totale, écrit toujours Arendt, suppose la réduction de tous à une identité immuable de réaction ; Les camps, émanation du « tout est possible » ne sont pas destinés seulement à l’extermination , mais à la destruction de toute spontanéité. ( Il se trouve malheureusement que c’est à propos des camps qu’Arendt mentionne le “tout est possible” : Ils ”servent de laboratoires où la croyance fondamentale du totalitarisme - tout est possible – se trouve vérifiée » ( in : Les origines du totalitarisme, Le sytème totalitaire, Le Seuil, Collection Points Politique, 1972, page 173 - un tel slogan de campagne est d’autant plus incompréhensible) Or, nous avons un Président qui s’affirme comme émergence de la spontanéité et profondément humain (déboires sentimentaux, droite décomplexée qui laisse libre cours à l’ostentation, absence de sobriété au G8 , etc .. ) . 2 - En outre, Nicolas Sarkozy prône le retour à l’autorité, exprime la haine de Mai 68 qui aurait, tout autorisé et justement « tout permis » ; 3 – Arendt montre que la supériorité de la propagande totalitaire résulte précisément de son mépris pour la réalité. Et nous avons un Président qui ne cesse d’invoquer son expérience et sa compréhension du réel. Voilà qui devrait être éminemment anti-totalitaire, si l’on se souvient que Arendt met en évidence le caractère central du mépris des faits dans l’  idéologie totalitaire. * * En bref, avec Nicolas Sarkozy, les concepts sont tordus, mélangés, malaxés, touillés. Maniés, remaniés, qu’importe ! puisque seul l’objectif compte. Et aussi la réception par les électeurs de base que nous sommes, supposés malléables à coups de comm’. Et Ségolène Royal a eu raison, lors du débat télévisé du 2 mai 2007 de lui dire : «  avec vous, tout est possible, même le pire  ». Car le slogan choisi laisse entrevoir la totalité des possibles, qui ne sont pas même imaginables en des « circonstances normales ». (C’est le sens de la phrase de David Rousset que Hannah Arendt met en exergue de son livre sur les Origines du totalitarisme (troisième partie : le système totalitaire) : "Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible" ) Peut-être l’équipe du candidat Sarkozy a-t-elle voulu faire apparaître une âme enfantine, qui dirait que tout est possible, et surtout le meilleur … Or, il n’est pas bon de jouer avec le feu ; à force de faire feu de tout bois, la porte est grande ouverte aux dérives … idéologiques ! * * Je l’ai dit, il ne s’agit pas d’évoquer un mal « radical » ou « absolu » et il importe d’éviter la fascisation systématique de l’adversaire. Mais si l’on admet que  l’idéologie est une transformation du réel pour le faire coller à la théorie, quelle est l’idéologie sarkozyste ? Un dernier élément me paraît de nature à l’éclairer. Notre nouveau Président a manifesté le désir d’ouvrir sa majorité présidentielle jusqu’à la gauche ; c’est dire qu’il n’est plus besoin d’opposition. Le « tout devient possible », ensemble, bien sûr, est un charment lapsus ou acte manqué : la tentation totalitaire est là : à travers l’idéologie du MOI . - Présidentialisation du régime, le Président imprime SA marque sur toute chose - L’opposition doit être écrabouillée. Eh bien , non, Monsieur SARKOZY, tout n’est pas possible !  
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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> L’intérêt que vous portez à Hannah Arendt me porte à vous indiquer l’étonnement qui est le mien à lire, avec la plus grande attention, « Les origines du totalitarisme ». Vous en trouverez la marque dans :<br /> <br /> http://crimesdestaline.canalblog.com<br /> <br /> Très cordialement à vous,<br /> <br /> Michel J. Cuny
RAFO
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