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RAFO
18 juillet 2007

HARRY POTTER 5 (LE FILM)

18 juillet 2007 : Harry Potter 5 (le film) Petit événement perso aujourd’hui : j’ai vu le film Harry Potter et l’ordre du Phénix (n°5). Combien d’articles ne s’en prennent-ils pas à Harry Potter comme produit-marketing ! Alors autant le dire tout de suite, je suis une fan d’Harry Potter et je suis prête à le défendre. Culture populaire ou pas ? Cela mériterait débat ! Non, je ne vous entraînerai pas à nouveau sur cette pente ! Bien sûr que livres et films font l’objet d’opérations marketing ; mais il serait faux de réduire le phénomène Harry Potter à ce seul aspect. Alors je vous le dis tout de go : j’ai lu tous les livres (bien qu’achetés par ou pour ma fille). Et je les ai dévorés ! Alors je vous livre ma petite théorie : Harry Potter est un livre éminemment anti-totalitaire ! C’est encore plus important maintenant que nous avons un Président qui glorifie le « tout est possible ». Vous rappellerai-je que Hannah Arendt voit le « tout est possible » comme la croyance fondamentale du totalitarisme ? Ah, ah, ah ! (voir la page 2 de ce blog : « Non, M.Sarkozy, tout n’est pas possible ! ») Donc revenons à Harry Potter. Au-delà de la lutte du bien et du mal (non, je ne vais pas vous sortir Nietzsche - ni Bush, avez-vous vu comme les esprits s’embrouillent sous le règne sarkozyen ), il s’agit de faire en sorte que le monde des sorciers ne tombe pas sous l’emprise d’un seul qui en régirait toute l’organisation ( et réglerait tous les détails de la vie quotidienne - jusqu’au choix des conjoints et des relations ou amis admissibles). Car le plus important est que le monde des sorciers connaît la référence aux « sang-purs » et aux « sang- mêlés ». Lord Voldemort (l’ennemi de Harry Potter ) et ses affidés veulent une société qui donnerait le pouvoir aux sang -purs ? Avez-vous remarqué combien , dans les films, les acteurs jouant la famille Malefoy, emblème des « sang-pur » et le plus ostensiblement opposée à Harry Potter ( le fils Drago est son ennemi juré à Poudlard, l’école des sorciers), combien ces acteurs donc, ont des cheveux d’un blond platine quasi- blanc ? Le plus intéressant est que les sorciers ne constituent pas une aristocratie qui transmettrait ses privilèges ( les pouvoirs magiques) par la naissance. On peut devenir sorcier certes par l’hérédité, mais il est possible, donc, d’être un « sang-mêlé » ; c’est-à-dire que l’on a son père sorcier et sa mère non sorcière (moldue) ou bien le contraire sa mère sorcière et son père moldu . Voldemort est curieusement dans ce dernier cas, mais la haine vouée à son père (qui abandonna sa mère à la découverte de son état de sorcière) l’a conduit à professer le pouvoir des sangs purs. La mère de Harry elle même n’était pas sorcière au départ ; elle fut un jour distinguée (seule au sein de sa famille) pour le devenir (une chouette lui en apportant le message). On peut donc devenir sorcier alors qu’aucun de ses parents ne l’est. Ce fut le cas de la mère de Harry. C’est le cas d’Hermione, douée d’une grande intelligence et d’une exceptionnelle capacité de travail - qui fut choisie pour l’être. La société des sorciers accorde sa place à l’individu ; même Drago Malefoy, dans le tome 6, se révèlera meilleur que l’on eût pu le croire. Comme quoi la vilénie ne se transmet pas et il n’y a pas d’hérédité assignée. Ensuite, nombre de réflexions apparaissent au fil des livres : le Professeur Dumbledore avait plaidé pour un système d’incarcération moins dur à la prison d’Azkaban ; les « détraqueurs » (des gardiens) y aspirent les âmes des prisonniers. Il avait signalé d’emblée que la compromission avec de telles méthodes finirait tôt ou tard par se retourner contre la société des sorciers. En bref, toute société qui renonce à ses principes moraux ou démocratiques court le risque de se perdre elle-même. L’actualité ne regorge-t-elle pas d’exemples ? La société des sorciers n’est pas monolithique et même ceux qui luttent contre Voldemort ne sont pas parfaits. Ainsi, Harry Potter découvre que son père a pu se mal conduire vis à vis de Rogue. De même, la société des sorciers repose sur un système d’organisation critiquable et admet la domination des elfes. Ces petits êtres sont en fait réduits en esclavage, appartiennent corps et âme à leurs maîtres sorciers et sont chargés de tous les travaux d’entretien et d’intendance. Hermione dans le Tome V veut lancer une société de libération des elfes (la S.A.L.E.). Elle essuie nombre de moqueries (il est vrai que l’acronyme prête à sourire) et reste plutôt incomprise. Elle juge que cette lutte pour le respect des elfes garde toute son importance alors même que le monde des sorciers doit se préparer à une future guerre contre Voldemort. Elle considère donc qu’une telle lutte n’est jamais dérisoire, quand bien même doit régner une sorte d’intérêt supérieur (le retour de Voldemort accapare l’esprit des partisans de Harry – dont Hermione elle-même). Mais son désir de justice perdure et se développe aux pires heures. Cet épisode n’apparaît pas dans le film HP 5 et c’est bien dommage. Le film est plutôt agréable et bien mené. Ne boudons pas notre plaisir ( j’ai toujours plaisir à voir un film de la série Harry Potter ) ! Surtout avec Maggie Smith et Emma Thompson. Certes, les choix présidant à toute adaptation sont toujours subjectifs et peuvent être sujets à caution. Le format du film (2 heures et quart) pour un livre de plus de 900 pages devait dans tous les cas poser difficulté. Le livre était en outre, il est vrai, particulièrement long ; Harry se heurtant au Ministère de la Magie (le pouvoir) et n’étant pas cru, le tome 5 se situait dans l’attente et la tension permanentes. Il fallait traduire cette atmosphère pesante et donner du rythme. Des choix s’imposaient donc, bien évidemment. Mais le film est très factuel, ce qui nuit au rendu du climat ambiant, et parfois trop rapide, ce qui dessert la clarté du propos. J’eusse préféré quelques minutes de plus et que l’on n’évacue pas la complexité, car complexité il y a (voir ci-dessus). Il est à noter par exemple, que la découverte du repaire du groupe d’Harry Potter (dont les membres s’entraînent en secret) n’est pas, dans le livre, provoquée (sous la contrainte) par Cho, l’amoureuse de Harry, mais par l’amie de celle-ci. De la même manière, le film HP 4 avait présenté Hermione pleurant sur les marches après le bal, alors qu’elle est beaucoup plus forte dans le livre. Cette simplification permet une confrontation brutale des sentiments bien trop facile et accrédite une vision manichéenne de l’histoire. Ce que précisément les livres ne sont pas.
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